Extrait de l'ouvrage de Léonce Cathelineau : Département des Deux-Sèvres. Cahier de doléances des sénéchaussées de Niort et de Saint-Maixent, et des communautés et corporations de Niort et Saint-Maixent pour les États généraux de 1789 (ou ici sur Gallica), publié en 1912 :
LE PETIT-PRISSÉ
- Le Petit-Prissé (anciennement Prissé)
- Dép.: Deux-Sèvres — Arr.: Niort — Cant.: Beauvoir-sur-Niort
- Gén.: Poitiers — Elect.: Niort — Dioc.: Saintes
- Haute justice ressortissant au marquisat de Fors
- Principale culture : vigne
- Seigneur en 1750 : le duc du Chilleau
- Seigneur en 1790 : de la Perrière, seigneur de Prissé
- Population en 1790 : 146 habitants
- Taille : 2,057 L 5 s (princip.: 780 L ; access.: 448 L 10 s ; capital.: 435 L 10 s ; vingt.: 357 L 10 s ; 4 sol pour livre : 35 L 5 s)
PROCÈS-VERBAL
Date : 1er
mars 1789
Président : Louis-René-Gaspard
Clouzeau l'Aîné, procureur fiscal de la Châtellenie de la Charrière et du hameau
du Petit-Prissé, paroisse dudit lieu de Prissé.
Population : 39 feux
Comparants : Laurent
Piet de Coursay, bourgeois ; René Rimbault ; Pierre Terrière ; Alexandre Cottereau
; Jean Rousseau ; 0. Renaud ; Pierre Pasquier ; René Bonnifet ; Pierre Barreau ;
Jean Outhin ; Louis Saunier ; René Hareau ; Aymé Benoist ; autre Aymé Benoist ;
Louis Benoist ; François Sarragot ; Jean Terrière ; André Cottereau ; Jacques Barreau
; René Barreau ; Michel Pougnet ; Jacques Naud ; François Martin.
Députés : François
Martin et Pierre Barreau
CAHIER DE DOLÉANCES
Les habitants du hameau
du Petit-Prissé, tous, d'une voix unanime, demandent pour leur premier vœu :
La conservation des
jours précieux de Sa Majesté et de la famille Royale.
Tout ce qui peut concerner
le bien de l'État, la réforme des abus, l'établissement d'un ordre fixe et durable
dans toutes les parties de l'administration.
Ils demandent que
la Province de Poitou soit en pays d'État, pour y établir une juste répartition
des impôts, dont la plus grande partie est supportée par le Tiers état, et que la
noblesse et le clergé contribuent aux dites impositions avec le Tiers état.
De ne payer qu'un
seul impôt et qu'il soit perçu d'une manière aisée et sans frais.
La suppression des
aides, ainsi que tous les droits qui en font parties ; reculer les barrières jusqu'aux
frontières du royaume pour la liberté du commerce.
Les impositions étant
supportées par le Tiers état de la paroisse, ils demandent que la noblesse dudit
hameau, qui a beaucoup de propriétés et qui se trouve exempte de ces impositions,
soit tenue de contribuer pour ses propriétés aux dites impositions.
On demanderait de
simplifier les lois de la procédure afin d'en éviter les frais qui sont exorbitants,
surtout dans les petites juridictions.
L'abolissement des
francs-fiefs, l'encouragement de l'agriculture, par quelques douceurs accordées
aux cultivateurs ; et ils demandent des maréchaux experts pour traiter les bestiaux
de toutes espèces, qui sont la richesse des campagnes, et qui périssent faute de
soulagement.
Que les seigneurs
de cette paroisse et le décimateur d'icelle soient tenus de contribuer avec le Tiers
état au payement des impositions quelconques, à proportion de leurs revenus.
Ils attendent donc
de la bonté du roi et de la sagesse des États Généraux de pourvoir aux besoins de
leur paroisse, car, ce serait même suivre les vues des fondateurs, de prendre
sur les gros bénéfices, en général, de quoi faire quelque établissement de charité
pour subvenir aux besoins des malheureux dans leurs infirmités et maladies, pour
leur fournir du bouillon et les médicaments nécessaires, moyen indispensable pour
concourir à la conservation de l'espèce humaine qu'on voit périr faute de secours,
ou traîner une vie que les longueurs et les infirmités rendent d'un poids accablant.
Ils demandent aussi
un maître d'école, aux dépens de Sa Majesté, pour l'instruction de la jeunesse,
lequel enseignerait ceux qui seraient reconnus pour pauvres, gratis ; lesquels demeurent
dans l'ignorance faute de moyens et qui pourraient faire de bons citoyens et utiles
à l'Etat s'ils avaient de l'éducation.
Qu'il soit accordé
une école pour enseigner les cours des couches afin de soulager les malheureuses
femmes qui périssent très souvent en couches en les campagnes par la faute ou par
le peu d'instruction de celles qui veulent donner des secours et qui n'ont aucune
expérience.
Ils demanderaient
à être soulagés des impositions exorbitantes qu'ils payent, étant presque tous dans
l'indigence à cause de la mauvaise nature de leur sol qui est naturellement sec,
n'ayant des pluies que l'hiver. Et par la sécheresse de leur sol, ils n'ont point
de fourrage, ils n'ont pour ainsi dire aucune espèce de bestiaux ; ils ne ramassent
que très peu de blé.
Ils demanderaient
qu'il fût fait défense aux collecteurs de tailles de faire faire des exécutions
en les meubles des malheureux par les brigadiers qui sont envoyés par les receveurs
des tailles et qui ont le désagrément de voir vendre leur peu de meubles et cela
à vil prix et que leur malheureuse situation ne permet pas de retirer.
Ils demanderaient
que les chemins de traverse appelés vicinaux fussent réparés et rendus
praticables ce qui serait fort essentiel pour la facilité de l'exportation des denrées
et du commerce, ainsi que pour l’administration des sacrements.
Ordonner le recurement
des fossés dont la négligence de l'entretien occasionne dans les grandes eaux des
inondations qui emportent la plus grande partie de leur récolte.
Fait, clos et arrêté
le présent procès-verbal par nous dit procureur fiscal susdit, les jour, mois et
an que dessus.
Suivent 10 signatures, celles de François Martin, et Pierre Barreau, députés ; Clouzeau l’Aîné, procureur fiscal, etc.