L’énigmatique ascendance
de Marguerite de Barbezières

Origine

Les Barbezières sont une ancienne famille noble originaire de la principauté de Marcillac, en Angoumois, aujourd'hui Marcillac-Lanville en Charente. Non loin, en bordure de Charente Maritime, se trouve la paroisse de Barbezières dont elle a pris le nom.


Armes : d'argent à trois fusées et deux demi-fusées accolées 
en fasce de gueules, de la Branche de Saint-Mary.


Ils sont cités pour la première fois en 1303, cinq ans avant le procès des Templiers, lorsqu’un seigneur de Barbezières est sommé par Philippe le Bel de rejoindre son armée [v. à ce sujet]. Se succèdent ensuite plusieurs personnages historiques, dont les plus connus sont peut-être les chevaliers Geoffroy de Barbezières de la branche de Chemerault, et ses deux fils François et Méry, proches serviteurs de Charles IX et Henri III [v. présentation d'O'Gilvy].




Les fiefs et seigneuries des Barbezières les plus proches de Pamplie, où vivait la Marguerite de Barbezières dont il est question, se trouvaient à Sanxay dans la Vienne, et dans le sud des Deux-Sèvres : à Celles-sur-Belle (Abbaye royale), Marigny (château de Péré), Saint-Symphorien, Melle et Paizay-le-Tort. Il existait dès 1651 un hostel de Barbezières à Niort qui a disparu depuis, mais qui a laissé son nom à la rue Barbezière. Il était situé entre les rues Barbezière, du Petit-Banc et Dupin. Il fut vendu en 1675 aux Carmélites qui y firent construire un couvent. [1]


Marguerite et François

Marguerite de Barbezières est née vers 1621. Elle fut l'épouse de François Chevallier et décéda à Pamplie le 21 avril 1704 à l’âge de 83 ans.




Si l'appartenance de Marguerite à cette famille ne fait aucun doute de par son nom, il est difficile de l’inscrire avec certitude dans le cadre de la généalogie « officielle » des Barbezières, qui reste incomplète, la postérité de certains couples étant incertaine, voir méconnue.

L’arbre généalogique des Barbezières comprend neufs branches principales que j’essaierais de détailler sur Geneanet, en m'aidant du Nobiliaire de Guienne et de Gascogne [2], du Dictionnaire Historique et Généalogique des Familles du Poitou [3], du site des Blasons de la Charente de Jean-Marie Ouvrard et de la base Roglo [v. sur Généanet].

Je ne sais presque rien de son époux, François Chevallier, un huissier qui, à en juger par sa signature, a bénéficié d'une très bonne éducation. La ruche en fin de patronyme est caractéristique des signatures de notaires au XVIIe siècle. On trouve une brève mention de lui dans le dictionnaire de Beauchet-Filleau, citant vaguement son épouse et ses enfants [4]. L'ouvrage ne précise pas son ascendance et le classe dans une hypothétique branche des « Chevalier de Niort ».




Les parrains et marraines de leurs enfants sont généralement des nobles : Pierre Leduc, écuyer seigneur de Louzay ; Georges Thibault de la Carte, Chevalier seigneur des Essarts et du Vieux Brusson ; René Philippe, écuyer seigneur de la Combe, et sa femme Françoise Chasteigner, dame de la Combe, et Antoine de Villiers, écuyer seigneur de Chantemerle.

Leurs enfants et petits-enfants se marient dans la bourgeoisie locale (avec les Jard, Mesnage, de La Touche, Richier, etc). Certains desquels descendent d’autres familles nobles (de La Touche, de la Voyrie, Landerneau, Baraton, Bouffard). À partir du XVIIIe siècle toutefois, leurs descendants sont devenus marchands, puis bordiers et laboureurs.

Parmi leurs enfants, on notera le mariage en secondes noces de leur fils François, dit le Jeune, avec Marie Renée Mesnage, issue d'une famille proche des Pidoux [5]. Marguerite Chevallier, fille de François dit le Jeune et Renée Jard, fut l'épouse de Pierre de La Touche. Le patronyme de La Touche est présent dans la branche de Saint-Mary avec Antoine, époux de Marguerite de Barbezières, mais j'ignore encore si Pierre et Antoine sont de la même famille.

François Mesnage, seigneur de la Chauvelière, père de Marie Renée, fut l'époux de Renée Courtinier. Les Courtinier étaient une famille de financiers de Poitiers qui achetèrent un château à Parthenay. Marie Renée descend de Pierre Courtinier, échevin (1572) et maire de Poitiers en 1574-1575, avant Pierre Pidoux (échevin de Poitiers en 1575). [6]

Descendance de François Chevallier et Marguerite de Barbezières :
o François  & Marguerite de BARBEZIÈRES ca 1621-1704
o François (dit le Jeune) ca 1644-1725 & Renée JARD †1674
o Marie 1669- & Pierre SEIGNEURET †/1725
o Marguerite 1671-1727 & 1700 Pierre de La TOUCHE †/1724
o François 1674-1674
o François (dit le Jeune) ca 1644-1725 & 1674/ Marie Renée MESNAGE 1664-1730
o Marie Angélique ca 1694-1741/ & 1715 André GERBIER 1739
o Marie Angélique ca 1694-1741/ & 1741 Étienne Pierre LANGLOIS
o Jacques 1695-1753 & 1722 Nicole Henriette de la BIGNOLAIS ca 1698-1738
o Jacques 1695-1753 & 1740 Marie ALONOIS
o Charles 1700-
o Marie Madeleine 1702-1731/
o Angélique 1704-1731
o François †1739/
o Louis †1728/
o Marie ca 1648-
o Marguerite 1653- & 1696 Jacques RICHIER †1700/ 
o Marguerite 1653- & /1696 Joseph RUSSEIL †/1696
o Philippe 1655- & 1679 Anne GUIOT 
o Marie Anne 1680- & 1701 Barthélémy PELOU
o Georges 1658-1658
o Catherine 1659-
o Félix 1661-1700/
o René 1664-1697

Parents possibles

En théorie, on peut retenir les candidats suivants à la paternité de Marguerite, en postulant que nous ne connaissons pas toutes leurs épouses ni leurs enfants, et en se basant sur la correspondance des dates :
  • Pierre de Barbezières (Branche §I de Barbezières), seigneur de Péré, époux de Jeanne de la Cave.
  • Louis II de Barbezières (Branche §III de Nogeret), seigneur de Nogeret époux de Jeanne de Jousserant.
  • Etienne de Barbezières (Branche §IV de Montigné), seigneur de Montigné, époux de Florence Corgnol.
  • Louis de Barbezières (Branche §IV de Montigné), seigneur de Villesion. Pas d’épouse connue.
  • René de Barbezières (Branche §VI de Saint-Mary), sieur de Lesbaupin. Pas d’épouse connue.
  • Charles de Barbezières (Branche §VI de Saint-Mary), seigneur de la Soudière, Villeneuve, Limalonges, du Plessis et Saint-Symphorien, époux de Henrye Pidoux.
  • Gabriel de Barbezières (Branche §VII de Chemerault), seigneur de Marigny, abbé laïque de Celles-sur-Belle, époux de Françoise de la Haye.
  • Geoffroy de Barbezières (Branche §VIII de la Roche-Chemerault), seigneur de la Roche-Chemerault, abbé laïque de Celles-sur-Belle, époux de Louise de Marans.
Parmi eux, si l'on s'en tient aux sources, seuls Charles de Barbezières et Henrye Pidoux ont une fille du nom de Marguerite. On sait seulement de cette dernière qu’elle entre à l’abbaye de Saint-Ausone, à Angoulême en Charente, le 10 septembre 1633 [7]. Il est possible qu'elle en soit ressortie afin d’épouser François Chevallier, mais ça n'est qu'une supposition.

Les rares indices disponibles suggèrent en tout cas son appartenance à l'une des deux branches suivantes : celle de Saint-Mary avec Charles et René, ou celle de Chemerault avec Gabriel et Geoffroy. Les relations familiales de Marguerite paraissent consistantes avec les alliances présentes dans ces deux branches, notamment avec les familles Thibault de la Carte, Chevallier, Régnauld, de La Touche, Fontlebon et Chasteigner.

Hypothèse de la branche de Saint-Mary

Cette section de la branche de Saint-Mary est issue du mariage en premières noces de Jean de Barbezières avec Françoise de Montalembert. Elle inclue comme parents possibles de Marguerite :

Les Barbezières de Saint-Mary sont alliés avec la famille Régnauld :

Descendance de Jean de Barbezières et Françoise de Montalembert
(branche de Saint-Mary) :


Jean †1514/ & Françoise de MONTALEMBERT †/1506
o Guillaume  & ca 1510 Louise de CHAUVET
o Jean  & 1555 Marguerite RÉGNAULD
oAntoine †/1633 & Jeanne de GRANY
o Renée  & 1609 Joseph de VILLEDON 
o Elizabeth  & 1597 Jean de MASSOUGNES 
o Antoine †/1633 & Louise de PUYRIGAULT
o Charles  & 1612 Henrye PIDOUX †/1626
o Marguerite ca 1621-1704 & François CHEVALLIER
o Louise  & Pierre RÉGNAULD 
o Marie  & 1637 Robert d'ASNIÈRES
o Charles  & 1626 Marie CARION 
o Pierre  & Marguerite PHILIPPIER
o René 
o Hubert †/1621 & Charlotte RÉGNAULD
o François 
o Marie 
o Sébastien ca 1520- & ca 1550 Jacquette de PARTHENAY ca 1527-
o Jeanne  & 1575 Claude LE MASTIN †1621
o Louise 
o Catherine 1522-/1553 & 1539 Jean de l'ÉTANG ca 1511-
o Marguerite  & Antoine de La TOUCHE 
o Antoine  & Françoise de LAVAUD

Charles et Henrye

Charles épouse Henrye Pidoux en 1612 [8]. Marguerite est leur troisième fille, moins connue que ses deux sœurs : Louise, épouse de Pierre Régnauld, seigneur de la Soudière, et Marie, épouse de Robert d'Asnières. Elle n'est pas mentionnée dans les nobiliaires d'O'Gilvy ou de Beauchet-Filleau.

S'il s'agit bien de notre Marguerite, elle n'avait encore que quatre ou cinq ans à la mort de sa mère, sachant qu'Henrye décède avant 1626, date à laquelle Charles se remarie avec Marie Carion. Son père l'aurait alors mise en tutelle auprès de sa cousine, Françoise, épouse de Jacques Thibault de la Carte [9].

En 1633, elle aurait douze ans lorsqu'elle entre au couvent afin d'y faire son éducation religieuse. L’occasion s’étant présentée, elle en serait ressortie pour épouser François Chevallier avant 1644, date de la naissance de son premier fils François Chevallier, dit le Jeune.

Hypothèse de la branche de Chemerault

La branche de Chemerault ainsi que celle de la Roche-Chemerault sont issues du mariage de Jean de Barbezières (époux de Françoise de Montalembert, qui sont à l'origine de la branche de Saint-Mary déjà citée) avec Jacquette de la Béraudière, dame de Chemerault. Elle comprend :
La postérité de Gabriel de Barbezières reste méconnue, et il est tout aussi possible qu’il soit le père de Marguerite. De même pour son frère Geoffroy, qui aurait pu l'avoir après Louise. L'un de ses fils, également nommé Geoffroy, seigneur de la Roche-Chemerault, vivait à Sanxay (Vienne) non loin de Pamplie. Il fut marié avec Marie Gillier. Une Catherine Gillier fut auparavant l'épouse de René Chevallier, seigneur de la Frapinière, qui décéda à Nanteuil. Geoffroy épousa ensuite, en 1685 à Paizay-le-Tort, Marie Massard, qui descend de François Massard, maire de Poitiers en 1632-1633, après François Pidoux. [10]

Par ailleurs, Marie Gillier fut l'épouse de François Lévesque, dont le père, René, fut marié à Jacqueline de la Béraudière. Jacqueline descend du couple Gilles de la Béraudière et Marguerite de Pérusse, parents de Jacquette de la Béraudière. La même branche des Lévesque nous mène à Louis de Vernou, époux de Louise de Marans.

François de Barbezières, le frère de Gabriel et Geoffroy qui décéda en combattant sous les ordres du duc de Guise en 1616, était l'époux de Charlotte de Fontlebon. La sœur de Charlotte, Louise de Fontlebon, était mariée avec François Chasteigner.


Descendance de Jean de Barbezières et Jacquette de la Béraudière
(branches de Chemerault et de la Roche-Chemerault) :

o Jean †1514/ & 1506 Jacquette de la BÉRAUDIÈRE
o Geoffroy †/1577 & 1533 Catherine de VIVONNE
o François I  & 1583 Françoise de COUTANCES †1629
o Françoise  & 1608 Jacques THIBAULT de la CARTE 
o Gabriel  & /1623 Françoise de la HAYE 
o Geoffroy  &1615 Louise de MARANS
o Geoffroy  & /1677 Marie GILLIER †1677
o Geoffroy  & 1685 Marie MASSARD
o Françoise 1685-1686
o Louise (Françoise) ca 1618-1679 & 1644 Macé BERTRAND ca 1620-1688
o Louis ca 1627-1677
o Charles †1677 & Madeleine TABOURET
o Charles Martin †1674
o Augustin †1669
o François 
o Jean Nicolas Noël †1709 & Marie de MOREUIL 
o François †1657 & Madeleine BERTRAND 1636-/1650
o Charles /1650-1709
o Henri †1645
o François II †1616 & 1611 Charlotte de FONTLEBON ca 1588-1657
o Jeanne 
o Méry 
o Renée  & René GAULTIER 
o Renée  & 1571 André de MONTALEMBERT †/1589

Les familles de Fontlebon et Régnauld sont aussi liées entre elles, avec :

Descendance de Pierre de Fontlebon et d'une épouse inconnue :

o Pierre  &  
o François  & 1502 Jeanne JAUBERT
o Pierre  & 1543 Marguerite RÉGNAULD
o Charles  & 1582 Catherine TISON d'ARGENCE
o Charlotte ca 1588 & 1611 François de BARBEZIÈRES †1616
o Charlotte ca 1588 & 1626 Nicolas de VERDUN †1627
o Louise  & 1605 François CHASTEIGNER ca 1563-1637
o Henrye 
o Saliques 
o Madeleine 
o Pierre 
o Antoinette  & 1513 Jean RÉGNAULD 
o Antoinette  & Pierre MOUSNIER 

Françoise de Barbezières, sœur de Gabriel et Geoffroy, épousa Jacques Thibault de la Carte en 1608 à Marigny, fief de son frère Gabriel. Ils eurent notamment deux fils, Jacques et Georges :

Descendance de François Thibault de la Carte et Charlotte de Nuchèze :

o François  & 1512 Charlotte de NUCHÈZE
o Gabriel  & Renée des FRANCS
o Hercule  & 1576 Renée d'ESCARS
o Jacques  & 1608 Françoise de BARBEZIÈRES
o Georges †1679 & 1642 Renée CHAPPOT
o Jacques 
o Françoise 
o Anne Marie  & 1682 Charles CHEVALLIER †1685
o Marie 1653-
o Jacques  & 1634 Françoise CHAUVINIÈRE de BEAUPUY
o Marie Bénigme  & 1666 François du CHILLEAU
o Marie Bénigme  & 1688 Louis RÉGNAULD 

Les Chevallier de la Frapinière et de la Coindardière font partie de la même famille [v. sur Geneanet], et François y est peut-être apparenté. Parmi les Chevallier de la Coindardière, le grand-oncle de Charles (époux d'Anne Marie Thibault de la Carte), Jacques Chevallier et sa femme Michelle Chasteigner, pourraient être ses parents.

À Pamplie, on note la présence de Benjamin Chevallier, fils de Gilles Chevallier, armurier dans la même paroisse [11]. Benjamin fut l'époux de Jeanne Sarazin. Leur fils Jacques, maréchal, épousa Marie Seigneuret, petite-fille François Chevallier le Jeune et de Renée Jard.

Descendance de Philippe Chevallier et Charlotte Grignon (branche de la Coindardière) :
o Philippe  & 1583 Charlotte GRIGNON
o Claude †/1639 & Joachime BOCHARD
o François  & ca 1650 Françoise de TUSSEAU
o Charles Anne 1655-1673
o Madeleine †1689/ & 1653 Geoffroy de BELLEVILLE †/1657
o Madeleine †1689/ & 1666 Henri de l'ÉTANG
o Simon †1670
o Philippe & ca 1630 Louise de MARCIRION
o Jean 1596-1643
o Renée 
o Radegonde 
o Marie 
o Charlotte 
o Marie  & ca 1615 Eusèbe GIRARD 
o François ca 1605-1685 & 1649 Anne CHAUVEAU †1691
o Charles †1685 & 1674 Jeanne GREFFIER ca 1650-1679
o Marie Anne 1675-
o Jean 1676-1692
o Gabrielle (jumelle) 1677-
o Jeanne (jumelle) 1677-
o Leonie Marie Louise 1678-1685
o Charlotte 1679-
o Charles †1685 & 1682 Anne Marie THIBAULT de la CARTE
o Marie 1683-1693
o Jean & 1726 Henriette GUICHARD
o Louis ca 1664-1674
o Joseph François Maria †/1698 & Anne LECOMTE
o Jean 
o Jacques  & 1595 Michelle CHASTEIGNER

Les religieuses de l'abbaye de Sainte-Croix

Nous retrouvons ensembles les familles de Barbezières, Fontlebon et Chevallier dans un chapitre de la Revue Mabillon [12] consacré aux religieuses qui logeaient à l'abbaye de Sainte-Croix, à Poitiers :

Henrye de Fontlebon, sœur de Charlotte (épouse de François II de Barbezières) en sort temporairement, en 1621, pour aller fonder un monastère à Chatellerault. Il y avait avec elle parmi les religieuses des soeurs de Barbezières et une Chemerault. Plusieurs sœurs Chevallier y sont citées : Renée, Jeanne, Marie et Radegonde en 1617, puis Élisabeth et Charlotte, dites filles de Philippe Chevallier et de Charlotte Grignon (branche de la Coindardière à Sanxay).

En 1616 s'y trouve Françoise Chasteigner, fille de Nicolas Chasteigner, écuyer seigneur de la Blouère, et de Françoise des Francs, et en 1613 une Marie Chevallier avec Jeanne de Barbezières, de la maison de Chemerault, fille de François I de Barbezières.

Les autres branches de Barbezières

Il n'y a à ma connaissance que très peu d'indices indiquant une relation aux autres branches de cette famille, en dehors de Charles de Barbezières, seigneur de la Talonnière, fils de Salomon, qui épousa en 1705 Marie-Jeanne Chasteigner, fille de Jean, seigneur de Rouvres (petit village près de Pamplie).

Conclusion

Quelle que soit la filiation avancée, celle-ci ne va pas sans contradiction. François Chevallier, parce qu'il exerçait le métier d'huissier, n'était pas noble – ou ne l'était plus. Si Marguerite était d'extraction noble, elle perdait donc sa qualité en l'épousant. Est-il plausible qu'un tel mariage ait pu recevoir l'aval de Charles de Barbezières (si tant est qu'il fut encore vivant vers 1644), ou d'un autre membre de sa famille ? Que penser de l'union de Marguerite et François, lorsqu'on la compare avec celles de ses sœurs présumées, Louise et Marie ?

Il reste que la condition sociale des personnes issues de bonnes familles n'était pas assurée, et que les revers de fortune ou la qualité des mariages faisaient ou défaisaient les branches nobles. Pour conserver son rang, il fallait être capable de vivre de sa charge et de ses fiefs. Ceux qui étaient contraint d'exercer un métier perdaient momentanément ou de façon permanente leur statut. La Gâtine poitevine et le Poitou-Charentes furent affectés par de nombreuses crises au XVIe et XVIIe siècle, des guerres de religions aux famines et épidémies, dépeuplant les terres et entrainant la ruine de leurs propriétaires. Comme le note pour le XVIIIe siècle Pierre Julliot, historien du canton de Secondigny :
Le XVIIIe siècle fut une période difficile pour les agriculteurs et donc indirectement pour les propriétaires nobles dont la majorité des terres étaient abandonnées. C’est ainsi que disparurent un certain nombre de ces nobles entre 1700 et la révolution. Il n’en restait plus en 1789 que trois à Secondigny... [13]
Les nécessités financières du moment commandaient parfois au choix d'un mariage ou à l'exercice d'un métier. On observe par exemple que le parrain et la marraine de Françoise de Barbezières en 1685 à Paizay-le-Tort, fille de Géoffroy et Marie Massard, étaient marchands et non pas nobles [14]. Le mariage de Marguerite avec François trouve un écho particulier dans l'article du blog aidegenealogie intitulé Les femmes, personnages charnières de nos familles. L'auteur y retrace l'évolution sociale de certaines familles en fonction des mariages, qui faisait que les descendants de la famille Carrier, procureurs du roi au XVIe siècle, devenaient marchands, puis maçons et finalement journaliers et jardiniers au XIXe et XXe siècles. Le mariage de Marguerite de Barbezières avec François Chevallier semble s'inscrire dans ce contexte.

Notes

[1] Hostel de Barbezières à Niort. Source : Landerneau
[2] O'Gilvy, Tome 1, 1856.
[3] Beauchet-Filleau, Tome 1, 1891.
[4] Dictionnaire Historique et Généalogique des Familles du Poitou, Tome 2, p437.
[5] Landerneau
[6] Landerneau. Voir à ce sujet sur le blog de La Pissarderie, de Sébastien Pissard : Échevins de Poitiers (1550-1675)Maires de Poitiers (1660-1693)Maires de Poitiers (1693-1965)
[7] Jean-Marie Ouvrard, Blasons de Charentes, citant Éric Percy-Marinier : Histoire et généalogie de la maison de Regnauld de La Soudière.
[8] Jean-Marie Ouvrard, Blasons de Charentes
[9] Hypothèse avancée par Réjane Caillon.
[10] Landerneau. Voir à ce sujet sur le blog de La Pissarderie, de Sébastien Pissard : Échevins de Poitiers (1550-1675)Maires de Poitiers (1660-1693)Maires de Poitiers (1693-1965)
[11] Landerneau
[12] Archives de la France Monastique, Revue Mabillon, Mai 1909, p164-167. Henrye de Fontlebon est également notée comme religieuse à Sainte-Croix, fille de Charles Fontlebon et de Catherine Tizon, dans le Tome 3 de Beauchet-Filleau, p475. Les sœurs Chevallier : BFT2 p433-434. La sœur Chasteigner : BFT2 p286.
[13] Pierre Julliot, Blog de l'Association Histoire et Patrimoine de Secondigny en Gâtine, extrait, source : Landerneau
[14] Landerneau